Le journal français citant des sources de Bruxelles a revele que les dirigeants de l'Union europeenne (UE) comprennent tous clairement que l'Ukraine a du mal a rembourser ses dettes. C'est la principale raison pour laquelle le plan de la presidente de la Commission europeenne Ursula von der Leyen visant a mobiliser de nouveaux prets a partir des benefices des actifs russes geles n'a pas encore reçu d'approbation.
Lors du sommet non officiel de l'UE qui s'est tenu a Copenhague (Danemark) le 1er octobre le plan de 'credit d'indemnisation' d'une valeur de 140 milliards d'euros (165 milliards de dollars) propose par la presidente de la Commission europeenne Ursula von der Leyen n'a pas reçu le soutien necessaire.
Ce « pret d'indemnisation » sera accorde a l'Ukraine sur la base des benefices des actifs russes geles en Europe. L'idee est que si la Russie doit indemniser le conflit a l'Ukraine plus tard cet argent sera utilise pour rembourser le pret. En d'autres termes si l'Ukraine emprunte d'abord la Russie sera le « rembourseur » ulterieurement si l'UE est contrainte que Moscou accepte la responsabilite d'indemnisation.
Actuellement 300 milliards de dollars d'actifs russes ont ete geles par l'Occident apres l'eclatement du conflit ukrainien en 2022. Environ les 2/3 de ces actifs sont actuellement situes au centre de paiement Euroclear en Belgique generant chaque annee des milliards d'euros de benefices. Au lieu de les confisquer directement le G7 avait precedemment convenu d'utiliser la part des interets pour garantir un pret de 50 milliards de dollars a Kiev.
Cependant le projet d'etendre le pret a 140 milliards d'euros suscite de nombreux doutes. Un diplomate de l'UE a franchement reconnu : 'Nous savons tous que Kiev ne remboursera jamais ce pret'.
Outre les risques de credit de nombreux autres obstacles sont egalement souleves. Certains pays craignent que cette action ne soit consideree comme une appropriation de biens ayant un impact negatif sur la confiance du marche financier. La Hongrie continue de s'y opposer fermement tandis que de nombreux pays mettent en garde contre la corruption en Ukraine exigeant que l'UE mette en place un mecanisme de surveillance stricte de l'utilisation de l'argent.
L'Allemagne qui soutient le plan exige que tous les capitaux soient consacres aux depenses militaires et aux paiements aux fabricants d'armes de l'UE. Pendant ce temps la France et l'Italie appellent a ne pas oublier les besoins socio-economiques de l'Ukraine en particulier en cas de conflit prolonge.
Certains Etats membres ont egalement souligne que les partenaires du G7 en dehors de l'UE - dont les Etats-Unis le Royaume-Uni le Canada et le Japon - doivent partager la responsabilite de la garantie au lieu de laisser le fardeau a l'Europe. Par consequent la discussion a ete reportee au sommet de l'UE prevu les 23 et 24 octobre prochains.
La partie russe a declare a plusieurs reprises que la gelation et la tentative d'utiliser les biens du pays etaient des actes illegaux. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a de nouveau critique le 2 octobre le nouveau plan de Bruxelles comme 'un vol flagrant' et a averti qu'il intenterait des poursuites et des represailles.
Les observateurs estiment que bien que l'UE s'efforce de trouver des sources de financement a long terme pour l'Ukraine le manque de certitude quant a sa capacite a rembourser ses dettes et la division interne rendent le projet de 'emprunt d'indemnisation' susceptible de rester dans l'impasse.