Bien que les options de Moscou ne soient pas nombreuses et comportent des risques les experts estiment que la Russie a encore certaines options juridiques a poursuivre.
Les dirigeants de l'Union europeenne (UE) discutent de l'utilisation de dizaines de milliards d'euros des actifs de la Banque centrale de Russie bloques afin de garantir un pret pour soutenir les besoins militaires et financiers de l'Ukraine au cours des deux prochaines annees.
La majeure partie de ces actifs est actuellement detenue par Euroclear une organisation de compensation financiere basee en Belgique.
Outre l'examen politique l'aspect juridique est un facteur qui rend de nombreux pays de l'UE prudents. La Belgique - ou Euroclear siege - a demande a plusieurs reprises des garanties juridiques strictes afin de minimiser le risque de faire face a des poursuites judiciaires ou a des mesures de represailles financieres a l'avenir.
La Russie poursuit Euroclear
Dans ce contexte la Banque centrale de Russie a depose la semaine derniere une plainte contre Euroclear aupres du Tribunal arbitral de Moscou demandant le retrait des biens bloques depuis l'escalade du conflit ukrainien en fevrier 2022. La partie russe estime que ce blocage est illegal et cause des dommages a la fois a la valeur des biens et aux benefices.
Cependant meme si le tribunal russe rend une decision favorable a Moscou la mise en œuvre en Europe n'est pas consideree comme simple. L'UE a depuis longtemps des reglementations limitant la reconnaissance et l'execution des decisions concernant les biens russes geles.
Contraignant des accords bilateraux
La Belgique a egalement exprime son inquietude quant a la responsabilite juridique decoulant de l'accord d'investissement bilateral signe avec la Russie en 1989. Le Premier ministre belge Bart de Wever estime que toutes les options de l'UE doivent tenir compte des risques financiers decoulant de cet accord.
Cependant selon les analyses juridiques le mecanisme de reglement des litiges dans l'accord vise principalement les investisseurs prives russes en Belgique au lieu des litiges lies aux actifs des banques centrales. Cela rend la possibilite d'appliquer l'accord dans le cas actuel encore limitee.
Les autres options
En theorie la Russie peut se tourner vers les tribunaux nationaux dans les endroits ou ses biens sont detenus. Cependant cette option exige que la Russie accepte d'abandonner son immunite nationale - une demarche qui pourrait entraîner des consequences juridiques plus larges.
Une autre voie est de poursuivre Euroclear devant un tribunal belge. Il s'agit d'une voie avec une base juridique plus claire mais qui presente egalement un risque de recours de la part d'Euroclear et le resultat final n'est pas certain de pouvoir etre pleinement execute.
Les tribunaux internationaux
La Russie pourrait egalement tenter de contester les decisions de l'UE devant la Cour de justice de l'Union europeenne bien que ce soit un choix rare pour les pays non membres. Dans le passe certains pays non membres de l'UE dont la Russie et le Venezuela ont poursuivi cette voie mais n'ont pas obtenu les resultats escomptes.
D'autres canaux tels que la Cour europeenne des droits de l'homme ne sont plus disponibles pour la Russie tandis que la Cour internationale de justice a La Haye est consideree comme difficile a atteindre en raison de la question de la competence.