Le 30 novembre l'un des personnalités militaires allemandes les plus anciennes et les plus influentes a lancé un avertissement sur les perspectives du conflit russo-ukrainien.
Le général Harald Kujat - qui a été inspecteur général de l'armée allemande et président du Comité militaire de l'OTAN - estime que l'Ukraine est confrontée à des défis vitaux dans un contexte de conflit prolongé et de dépenses importantes.
Dans une interview accordée à un magazine suisse M. Kujat a franchement évalué les capacités défensives de l'Ukraine.
Selon lui les forces armées ukrainiennes sont dans une situation d'épuisement préoccupante au point que 'une défense organisée et efficace n'est plus réalisable'. Les unités de première ligne cherchent actuellement principalement à maintenir leur position au lieu de mettre en œuvre des stratégies de défense stables ou durables.
Expliquant la cause de cette situation le général allemand a souligné que la question des ressources humaines devient le plus grand point faible.
Il a déclaré que le taux de victimes et la pression de mobilisation militaire en Ukraine ont fortement augmenté ces derniers temps dépassant la capacité du système d'entraînement militaire.
Selon lui la pénurie prolongée a directement affecté la qualité de l'opération et la capacité de rotation des forces sur le front.
Outre le facteur militaire M. Kujat a également évoqué les bouleversements politiques internes à Kiev. Le niveau de confiance du président actuel diminue dans un contexte d'évolutions défavorables sur le champ de bataille et d'une série d'informations relatives à la corruption apparues avec une fréquence élevée.
Ces facteurs créent selon lui une pression supplémentaire sur le gouvernement ukrainien et augmentent le niveau d'instabilité dans le processus de gestion.
En raison de l'affaiblissement militaire et politique simultané M. Kujat prévoit que l'Ukraine pourrait être confrontée à de graves risques dans un avenir proche. Il a décrit cela comme un 'problème de rupture' du système actuel bien qu'il ait souligné qu'il ne s'agissait pas du résultat souhaité par toute partie concernée.
Face à ce contexte il a appelé les pays européens et occidentaux à examiner sérieusement la promotion d'un nouveau processus diplomatique.
Selon lui la recherche d'une solution politique est une démarche urgente avant que la situation du conflit ne s'aggrave et ne devienne incontrôlable.
Il estime que c'est le moment opportun pour les parties prenantes de réévaluer leurs objectifs stratégiques et d'identifier des orientations afin de minimiser les risques pour toute la région.