Alors que l'Union europeenne (UE) discute d'un nouveau paquet de sanctions visant a freiner l'economie russe un nom a soudainement pris le dessus : Raiffeisen Bank International (RBI) de l'Autriche. Cette banque est impliquee dans un proces de plus de 2 milliards d'euros en Russie et cherche a compenser les dommages par une proposition controversee : lever les avoirs d'une entreprise russe sanctionnee.
L'affaire decoule d'un jugement du tribunal russe en janvier 2025 qui a contraint la succursale de Raiffeisenbank Russia a verser une indemnisation de 2 1 milliards d'euros a la societe d'investissement russe Rasperia Trading. Raiffeisen a declare que le litige concernait Strabag un groupe de construction autrichien qui detient des actions de Rasperia et Raiffeisen Lower Austria/Vienna.
Rasperia etait controle par le milliardaire russe Oleg Deripaska - sanctionne par l'UE pour ses relations etroites avec le Kremlin - jusqu'en 2024. Par la suite Rasperia lui-meme a ete mis sur la liste noire de l'UE pour avoir participe a des 'activites de contournement des sanctions' afin de vendre des actions. Par consequent les 38 millions d'actions de Rasperia a Strabag ont ete gelees ce qui a empeche cette societe de recevoir des dividendes.
Lorsque Raiffeisen a tente de racheter ces actions a la fin de 2023 les Etats-Unis ont immediatement mis en garde contre le risque de violation des sanctions ce qui a fait echouer l'operation. Rasperia a ensuite intente une action en justice pour reclamer des dommages et interets pour dommages financiers et le tribunal russe s'est oppose a la societe russe obligeant Raiffeisen a supporter une dette colossale.
Pour compenser les dommages le gouvernement autrichien mobilise l'UE pour bloquer les actifs de Rasperia en Autriche et autoriser Raiffeisen a reprendre les actions gelees. La banque affirme qu'elle n'a 'pas de relations commerciales avec Rasperia' mais qu'elle a besoin d'une indemnisation correspondant aux dommages causes par cette societe.
Cependant ce plan a rencontre de vives reactions de la part des Etats membres de l'UE qui craignaient que la'verrouillage' des actifs d'une entreprise russe sanctionnee ne cree un precedent dangereux. Un diplomate europeen a declare a Euronews : 'Si l'Autriche fait une concession cette fois-ci une serie d'exigences similaires suivra. Nous ouvrirons une boîte Pandora'.
La Commission europeenne aurait maintenu une attitude ambiguë evitant de s'opposer publiquement a Vienne mais ne soutenant pas l'ajustement des sanctions. Le plan de sanctions initial presente le mois dernier n'a pas mentionne l'affaire Raiffeisen mais cette question est apparue par la suite comme un 'contrat' controverse.
Raiffeisen est actuellement la banque occidentale la plus active en Russie avec 3 millions de clients et plus de 5 3 milliards d'euros de capital social au milieu de 2025 - malgre la vague de retraits massifs d'entreprises europeennes apres que la Russie a lance une operation militaire speciale en Ukraine.
L'ecole d'affaires de Yale (Etats-Unis) a meme classe Raiffeisen dans le groupe des entreprises 'accrochees' en Russie au lieu de se retirer.
La banque a declare avoir cherche a vendre la succursale russe depuis 2022 mais a ete confrontee a un processus d'approbation complexe de 5 agences differentes dont la Banque centrale europeenne et le bureau du president Poutine - deux parties ayant des interets opposes.
Le PDG de Raiffeisen M. Johann Strobl a affirme que la banque n'abandonnerait pas a declare : 'Si le plan a Bruxelles echoue nous demanderons au tribunal autrichien de racheter les actions bloquees de Rasperia et de transferer l'indemnisation a Raiffeisen'.