Situee a la frontiere de l'UE la Turquie joue depuis longtemps un role de transit pour le gaz russe vers l'Europe. Cependant cette position risque d'etre menacee lorsque l'UE a recemment propose d'arreter completement le gaz russe d'ici la fin de 2027.
Pour mettre en œuvre ce plan l'UE souhaite imposer des exigences supplementaires de surveillance afin d'evaluer mieux la maniere et le lieu ou le gaz russe entrera dans le bloc. L'UE a besoin d'informations de pays de transit importants tels que la Turquie et Ankara ne semblent pas s'en soucier beaucoup.
Le ministere turc des Affaires etrangeres a declare que le pays ne mettait en œuvre que des sanctions approuvees par le Conseil de securite des Nations unies.
Le non-respect a contrecœur des clauses de surveillance de l'UE pourrait conduire a des defis pour la mise en œuvre efficace des reglementations en particulier lorsque la Turquie joue de plus en plus le role de point de transit et de centre de gaz potentiel pour le gaz russe' a note Ville Niinisto depute au Parlement europeen du Parti vert ancien ministre de l'Environnement finlandais.
Le suivi de l'origine des flux de gaz est extremement difficile pour l'UE car il existe tres peu de methodes pour verifier les composants des lots de gaz. Pendant ce temps les contrats de fourniture de gaz sont securises et le gaz est transporte par de nombreux intermediaires avant d'atteindre les clients. La loi proposee par l'UE n'impose aucune obligation juridique a la Turquie - un pays non membre de l'UE.
Tous les contrats ne montrent pas clairement l'origine du gaz les entreprises europeennes peuvent devoir demander a leurs partenaires turcs de fournir plus d'informations s'ils souhaitent continuer a importer du gaz a declare Aura Sabadus analyste energetique senior et experte sur le marche du gaz chez ICIS.
Ceci est particulierement lie au point de transit de gaz a travers la frontiere Strandzha - Malkoclar reliant la Turquie a la Bulgarie a explique Mme Aura Sabadus.
Selon l'accord complexe signe en 2023 la societe energetique bulgare Bulgargaz peut envoyer des lots de gaz naturel liquefie (GNL) vers les ports turcs. Le GNL est ensuite remis a la societe d'Etat turque Botas avant d'etre restitue a Bulgargaz a la frontiere.
Le probleme est que 'nous ne savons pas si cette quantite de gaz transportee vers la Bulgarie ressemble a la quantite de gaz transportee vers les ports turcs' a declare Mme Sabadus notant que l'UE ne peut pas etre sûre que cette quantite de gaz ait ete melangee a d'autres sources.
En raison du prix relativement bas du gaz russe il existe un risque eleve qu'une partie de ce gaz provienne de Russie. Un scenario similaire est egalement susceptible de se produire avec le gazoduc Kipi reliant la Grece et la Turquie.
L'annee derniere l'UE a importe 2 1 milliards de m3 de gaz via ces 2 systemes et ce chiffre pourrait passer a 5 4 milliards de m3 a averti Mme Aura Sabadus. Bien que ce chiffre soit tres faible par rapport aux 150 milliards de m3 de gaz russe exportes vers l'UE il represente toujours 1/5 du volume total de gaz importe par voie gaziere que l'UE a importe de Russie l'annee derniere.
Avec ces failles ces 2 systemes de transport de gaz doivent certainement etre inclus dans les propositions juridiques de l'UE et doivent etre consideres comme des sites a haut risque.