Au moins 10 parlementaires malaisiens dont la plupart appartiennent au Parti de la justice populaire (PKR) du Premier ministre Anwar Ibrahim viennent de devenir victimes d'une campagne d'extorsion sans precedent lorsqu'ils ont ete menaces de diffuser des clips chauds deepfake s'ils ne versaient pas la rançon de 100 000 USD.
Selon le ministre des Communications Fahmi Fadzil le week-end dernier de nombreux parlementaires ont reçu des e-mails avec des contenus presque identiques accompagnes de captures d'ecran de videos realisees avec l'intelligence artificielle. L'expediteur a menace de rendre public le clip s'il ne recevait pas d'argent via le code QR.
L'enquete montre que les e-mails ont le meme style d'ecriture et proviennent d'une adresse commune. Il s'agit clairement d'une action de coordination intentionnelle' a declare M. Fahmi dans un communique le 14 septembre.
Il a egalement revele qu'il faisait partie des cibles ciblees aux cotes de l'ancien ministre de l'Economie Rafizi Ramli du vice-ministre de la Jeunesse et des Sports Adam Adli et du parlementaire chevronne Wong Chen - tous appartenant au PKR. M. Wong Chia Zhen un fonctionnaire de l'Etat de Kedah du parti d'opposition Gerakan a egalement reçu un courriel de menace.
L'incident s'est produit dans un contexte ou M. Rafizi Ramli a constamment critique les affaires de corruption et d'abus de pouvoir ces derniers temps. Auparavant en août son fils de 12 ans avait ete attaque et injecte avec une substance inconnue par deux hommes portant des casques de securite sur le parking d'un centre commercial.
M. Rafizi a demissionne de son poste de ministre de l'Economie en mai apres l'echec de la course au poste de vice-president du PKR mais a toujours joue le role de l'une des voix fortes contre la negativite dans l'opinion publique.
Beaucoup de gens pensent que faire de la politique est facile. Mais si vous osez denoncer la corruption ou defier les interets inherents la vie quotidienne peut etre detruite de cette maniere' a-t-il partage.
L'utilisation de clips sexuels pour diffamer les adversaires n'est pas nouvelle en Malaisie. En 2019 l'ancien assistant du Premier ministre Anwar a ete arrete pour son implication dans une video diffusee en ligne qui contenait des images de l'ancien ministre de l'Economie Azmin Ali. Auparavant M. Anwar lui-meme avait egalement ete diffame avec un faux clip sexuel en 2011.
Cependant c'est la premiere fois qu'un large groupe de parlementaires devient en meme temps une cible. Les observateurs estiment que l'apparition de la technologie deepfake rend de plus en plus floue la frontiere vrai-faux et transforme la campagne diffamatoire en un outil plus dangereux que jamais.
Le ministere malaisien des Communications affirme qu'il coopere avec les services de cybersecurite et la police pour retrouver les auteurs. 'Nous considerons cela comme une menace serieuse pour la politique et la societe' a souligne M. Fahmi.
Pendant ce temps les legislateurs et l'opinion publique appellent a un cadre juridique plus strict pour prevenir l'abus d'IA dans la creation de contenus malveillants.