Je me souviens encore tres bien qu'un apres-midi de fin d'annee dans l'usine de transformation de produits aquatiques d'exportation avec un froid glacial et des mains tendues j'ai involontairement eu l'occasion de discuter avec l'ouvriere Trinh Hong Can.
Ne voyant pas clairement son visage a cause de sa tenue et de son chapeau de protection mais les yeux de l'ouvriere etaient couverts de fatigue mais pleins de tenacite.
Le froid dans la zone de travail brûle parfois les articulations des femmes ouvrieres mais elle dit : 'Chaque fois qu'il fait froid il faut essayer. Un revenu plus eleve signifie que les enfants ont plus de canettes de lait et de nouveaux vetements. Rien qu'en pensant au sourire des enfants le froid disparaît completement.
La conversation n'a dure que quelques minutes a cause de ce qu'on appelle le'sport de productivite' des ouvrieres mais elle m'a fait mieux comprendre que le bonheur des travailleurs est parfois tres simple.
Puis il y a eu les soirs dans la zone de location de logements lorsque je me suis assis avec les femmes ouvrieres pour raconter les heures supplementaires de nuit les souvenirs douloureux de leurs enfants dans leur ville natale ou les fois ou ils devaient envoyer leurs enfants a leurs grands-parents pour aller en ville gagner leur vie.
Mme Nguyen Thi Thao Ngan une jeune mere n'a pas pu retenir son emotion lorsqu'elle a mentionne l'anniversaire de son enfant qu'elle ne pouvait pas feter. 'J'espere juste avoir plus de revenus pour que mon enfant ait de meilleures conditions' a declare la ouvriere en sanglotant. A ce moment-la je n'etais pas seulement celle qui ecoutait je sentais que je faisais partie de cette tristesse et de ce sacrifice silencieux.
En tant que mere celibataire Mme Lam Kim Nhung doit supporter les depenses d'education de ses 2 enfants meme si son salaire ne varie que de 6 a 8 millions de dongs/mois.
Pour une ouvriere un mariage incomplet n'est pas la raison pour laquelle elle neglige ses enfants mais au contraire c'est une motivation supplementaire pour les ouvrieres a s'efforcer de gagner de l'argent et a cultiver leur petit foyer.
Etre adulte c'est bien aussi mais en tant que mere je veux toujours que mes enfants soient suffisamment nourris. C'est pourquoi je fais de mon mieux' a confie l'ouvriere.
Chaque rencontre chaque histoire qu'elle soit triste ou joyeuse sont des pieces qui creent un tableau authentique de la vie des ouvriers et des travailleurs. Cela m'aide a comprendre que mon travail n'est pas seulement de collecter des informations mais aussi de connecter les gens avec les gens d'apporter un espace sûr pour qu'ils puissent reveler les choses les plus secretes.
A partir des histoires de Mme Can Mme Ngan ou de Mme Nhung et de nombreux autres travailleurs j'ai compris que l'ecoute ne se limite pas a l'empathie. Elle doit etre le point de depart d'un voyage plus vaste. Chaque pensee et aspiration que j'obtiens est une graine. Ma tache est de cultiver ces graines pour qu'elles germent en changements positifs dans l'environnement de travail et la vie des travailleurs.
A partir de la synthese minutieuse de chaque opinion et de la selection des problemes fondamentaux j'ai mis en ligne les souhaits et les aspirations legitimes des travailleurs sur le journal Lao Dong - un journal vieux de 96 ans le journal numero un protegeant les droits des travailleurs.
Peut-etre que ce n'est pas tout mais je crois que j'ai apporte une petite contribution pour ameliorer la vie l'environnement de travail et les revenus des ouvriers.
Pour moi meme s'il ne s'agit que de petits changements c'est la preuve que la voix des travailleurs a ete entendue et respectee.