Le Cambodge vient de lancer sa plus grande campagne de traque de fraude en ligne jamais menee avec pres de 140 raids et plus de 3 000 personnes arretees dans au moins 19 pays. Cependant les chercheurs estiment que le sort des magnats derriere reste incertain car la plupart des personnes arretees ne sont que des travailleurs de bas niveau dans les reseaux.
Channel NewsAsia a publie une analyse d'Ivan Franceschini professeur de Chine a l'Universite de Melbourne (Australie) et de Ling Li chercheuse en doctorat a l'Universite Ca' Foscari de Venise (Italie) specialisee dans la recherche sur l'esclavage moderne soutenu ou facilite par la technologie.
L'analyse souligne que l'operation de traque de fraude en ligne a ete lancee apres que le Premier ministre cambodgien Hun Manet a publie le 16 juillet une directive demandant aux autorites locales aux forces de l'ordre aux tribunaux et au Comite national de gestion du jeu d'agir fermement face a la menace croissante des reseaux de fraude.
Lorsque les raids ont eu lieu de nombreuses chaînes Telegram de cybercriminels ont emis un avertissement d'urgence indiquant que la police etablissait des points de controle pour arreter les personnes sans passeport. Certaines videos diffusees montrent une serie de personnes fuyant les complexes d'escroquerie.
Le gouvernement cambodgien a annonce la reussite de l'operation en arretant plus de 3 000 suspects provenant d'au moins 19 pays. Cependant les autorites ont estime que tres peu d'entre eux avaient ete detenus a leur guise contrairement aux etudes precedentes publiees dans le journal The Conversation montrant que des milliers de personnes ont ete escroquees ou ont fait du commerce dans des complexes forces de travailler dans des conditions similaires a celles des 'esclavages modernes'.
La campagne a ete saluee par la Chine et certains pays touches par l'industrie de l'escroquerie au Cambodge mais les analystes restent sceptiques quant a la possibilite de supprimer completement les reseaux.
Selon deux experts la cause reside dans deux facteurs cles qui n'ont pas ete traites : le reseau de protection du pouvoir des gangs et les infrastructures solides des complexes. Si les'magnats' ne sont toujours pas affectes et que les infrastructures existent toujours les activites d'escroquerie peuvent revenir rapidement lorsque la pression diminue. Les personnes arretees ne sont generalement que des employes de niveau inferieur tandis que les chefs restent caches.
Le scenario habituel est qu'apres les raids la ligne s'arrete temporairement puis reprend ses activites ou se deplace vers un endroit plus sûr. Les equipements confisques peuvent etre facilement remplaces et la main-d'œuvre n'est pas non plus difficile a recruter.
L'operation de traque coïncide egalement avec le debut d'un court conflit a la frontiere thaïlandaise-cambodgienne ce qui a conduit certains analystes a penser qu'il y avait un lien entre ces deux evenements.

La partie thaïlandaise estime que les tensions decoulent des efforts de ce pays pour demanteler les activites frauduleuses au Cambodge. Depuis le debut de l'annee la Thaïlande a coupe l'electricite et Internet dans la ville frontaliere de Poipet - un point chaud des lignes.
Debut juillet Bangkok a cible un senateur et magnat cambodgien possedant de nombreux biens immobiliers a Poipet accuse d'etre implique dans des escroqueries en ligne ordonnant l'arrestation et la perquisition de ses biens ainsi que de ceux de sa famille en Thaïlande.