Aux yeux des investisseurs en capital-risque l'intelligence artificielle (IA) ouvre une nouvelle 'porte d'or' qui transforme les secteurs de services a forte intensite de main-d'œuvre en modeles commerciaux avec une marge beneficiaire elevee similaire aux logiciels.
La strategie courante consiste a racheter des societes de services deja etablies a appliquer l'IA pour automatiser les processus puis a utiliser des flux de tresorerie ameliores pour s'etendre.
General Catalyst (GC) est en tete de cette tendance. La societe a mobilise 1 5 milliard de dollars pour developper une strategie appelee innovation en construisant des entreprises de logiciels d'IA dans chaque domaine specifique puis en utilisant ces entreprises comme outils pour racheter des entreprises du secteur.
GC a cible 7 domaines allant des services juridiques a la gestion des TI et devrait s'etendre a 20.
Par exemple Titan MSP une societe de portefeuille de GC a reçu 74 millions de dollars pour developper des outils d'IA pour les fournisseurs de services informatiques.
Plus tard Titan a rachete RFA une entreprise informatique de renom et a prouve sa capacite a automatiser jusqu'a 38 % des taches ordinaires. Le plan etait de continuer a utiliser les benefices supplementaires pour racheter d'autres PME.
Un autre projet est Eudia qui fournit des services juridiques internes a de grands groupes tels que Chevron Southwest Airlines et Stripe. Contrairement au modele de facturation horaire traditionnel Eudia propose des frais fixes grace a l'IA. La societe vient egalement de racheter Johnson Hanna pour etendre sa part de marche.
GC n'est pas seul car le fonds Mayfield a consacre 100 millions de dollars a des investissements similaires. La start-up Gruve apres avoir ete soutenue par l'IA a passe son chiffre d'affaires de 5 a 15 millions de dollars en seulement six mois avec une marge beneficiaire brute de 80 %.
L'investisseur individuel Elad Gil suit egalement cette voie en considerant l'acquisition d'entreprises existantes puis la conversion par l'IA comme une voie plus rapide que la simple vente de logiciels.
Cependant le tableau n'est pas tout rose car une etude de Stanford Social Media Lab et BetterUp Labs montre que 40 % des employes interroges sont confrontes au 'workslop' un travail cree par l'IA qui semble fluide mais insignifiant obligeant leurs collegues a le reexaminer.
En moyenne chaque employe met pres de 2 heures a corriger les erreurs de l'IA ce qui entraîne des pertes de 186 USD par mois soit plus de 9 millions de dollars par an pour une organisation de 10 000 employes.
Cette realite pose un paradoxe si les entreprises reduisent le personnel pour accroître l'efficacite elles manqueront de personnes pour corriger les erreurs de l'IA. Et si elles maintiennent la meme equipe pour traiter les workslops les benefices attendus seront difficiles a atteindre. Cela pourrait ralentir les plans d'expansion du capital qui sont au cœur de la strategie de rachat des fonds d'investissement.
Cependant M. Marc Bhargava chef de GC estime que c'est une opportunite. Selon lui la transformation des entreprises par l'IA est extremement complexe et necessite des ingenieurs en IA appliques experimentes et une combinaison etroite avec des experts du secteur.
Cette difficulte rend la strategie d'incubation d'entreprises d'IA puis de rachat d'entreprises de services raisonnable.
La grande difference de GC est que les entreprises du portefeuille realisent des benefices des le depart au lieu du modele de gaspillage d'argent habituel dans les startups.
Avec l'amelioration continue de l'IA les investisseurs pensent que de nombreux secteurs de services seront encore 'technologiquement developpes' meme si la voie est certainement plus difficile que ce qu'ils imaginent.